Salauds de jeunes, par Clémentine Autin et Mikael Garnier

Publié le par Jean-François Chalot

Lu pour vous: « Salauds de Jeunes » de Clémentine Autin et de Mikaêl Garnier- Lavalley- éditions Robert Laffon- 134 pages- Avril 2006 - 16 €- LA JEUNESSE : AVENIR DE L’HUMANITE…Depuis longtemps la jeunesse est considérée comme une « classe dangereuse » , rien de nouveau !? Peut être…. à moins qu’aujourd’hui la situation qui leur est faite avec un chômage à un niveau inquiétant, une exclusion sociale massive lui laisse moins de perspectives . Les média aiment découper la jeunesse en tranches :  les « sérieux », ceux qui s’intègrent ou essaient de s’intégrer et les autres qui seraient les casseurs « incontrôlables »… Quand « les sérieux », les « responsables » descendent dans la rue et remettent en cause la loi Fillon, ils ont droit aux mêmes CRS que les jeunes des cités… Les clichés ont la peau dure : nos journalistes et nos écrivains qui dénoncent la perte de valeurs et le niveau qui baisse n’innovent pas, ils reprennent et adaptent cette citation  trois fois millénaire trouvée sur « une poterie d’argile dans les ruines de Babylone » : « Cette jeunesse est pourrie depuis le fond du cœur. Les jeunes gens sont malfaisants et paresseux. Ils  ne seront jamais comme la jeunesse d’autrefois. Ceux d’aujourd’hui ne seront pas capables de maintenir notre culture ». Le plus surprenant  c’est que les mêmes qui combattent ce système et dénoncent la politique anti-sociale de la droite n’ont pas eu de mots assez durs pour dénoncer les révoltés d’octobre, novembre 2005 . Certains ont pu décrire une situation apocalyptique créée de toutes pièces par des intégristes ( !?), oubliant par là-même d’observer et de porter un jugement s’appuyant sur des faits et une analyse lucide. Il a fallu plusieurs jours avant que les partis de gauche  prennent conscience de la responsabilité qui leur incombait et enfin, ils arrêtent de crier avec les loups pour certains ou entretenir un silence assourdissant pour les autres. Comme le rappellent fort justement les deux auteurs de ce livre : il fut difficile d’élaborer et de faire paraître le premier texte de dénonciation de la politique Sarkoziste : « Ces émeutes nous mettaient tous devant nos insuffisances et nos divergences de fond. Réunir un spectre significatif de signatures des différentes sensibilités de la gauche pour demander notamment l’arrêt des comparutions immédiates-particulièrement sévères-ainsi que des avancées sociales en faveur des jeunes et des classes populaires était presque mission impossible. C’était en tout cas inenvisageable sans un paragraphe « condamnant » les violences. Chacun-et tout particulièrement les élus-devenait frileux et exigeant sur les moindres virgules. » Les deux auteurs établissent un diagnostic pertinent, décrivant le parcours du combattant des jeunes pour se trouver un emploi, étudier ou se loger, le tout en s’appuyant sur des témoignages et des données chiffrées. Cet essai tourne le dos aux approximations et aux images d’Epinal pour nous offrir des clés de compréhension et des pistes de transformation permettant de rendre les jeunes acteurs de leur avenir :  L’école, rénovée, remplissant sa mission éducative avec un partenariat développé avec ses partenaires de l’Education populaire afin de donner aux jeunes les outils indispensables leur permettant de devenir autonomes ;

·        Le revenu minimum décent assuré à tout jeune dès l’accession à la majorité pour leur permettre de suivre leurs études et de s’insérer dans la vie professionnelle ;

·        Une politique locale permettant aux jeunes d’assurer des responsabilités ( mise en place de réels conseils de jeunes…)

Voici là, parmi beaucoup d’autres, certaines propositions émises par les deux auteurs. Une seule développée rencontre mon opposition  ferme et définitive : c’est celle qui consiste à promouvoir un service civil obligatoire de six mois à un an… car même si les deux auteurs refusent que cette « nouvelle main-d’œuvre » se substitue aux emplois existants, la mise en place d’un tel système conduira inéluctablement à cette « dérive ». Cet essai mérite plus qu’un détour, il nous propose avec une plume alerte, parfois acerbe et souvent « drôle » un sujet de réflexion d’actualité…Jean-François CHALOT

 

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