Jeunes 18-25 ans; Réflexions, propositions pour une politique de la jeunesse;rapport Dauriac ;
Des diplomes pour les pauvres et des diplomes pour les riches
Publié le
par Observatoire de la démocratie
On sait que plus le diplôme est élevé, plus le taux de chômage s'abaisse. Mais les diplômes n'ont pas la même valeur pour les habitants des zones sensibles et quartiers difficiles que pour es autres....( enquête www.observatoiredesinegalites.fr )
Taux de chômage en 2003 selon le diplôme le plus élevé obtenu Unité : %
Habitant en ZUS
France métropolitaine
Aucun diplôme ou CEP
25,0
14,8
BEPC seul
21,6
10,9
CAP BEP ou équivalent
17,0
8,6
Bac, Brevet professionnel ou équivalent
17,7
8,7
Baccalauréat + 2 ans
10,8
6,0
Diplômes supérieurs
11,7
7,6
Ensemble
19,6
9,8
Source données : INSEE, enquête Emploi 2003 (actifs de tous âges)
Quel est l’effet du niveau de diplôme sur la probabilité d’être au chômage ? Et cet effet est-il le même dans les quartiers dits sensibles que dans le reste du territoire ?
Première constatation, le diplôme protège en effet, et plus il est élevé, plus le taux de chômage s’abaisse, jusqu’à Bac+2 en tout cas. La différence entre les habitants des Zones urbaines sensibles (ZUS) et les autres reste cependant très significative. Pour tous les niveaux de formation allant du BEPC au Bac, les taux de chômage sont donc environ deux fois plus élevés dans ces zones qu’au niveau national.
Seconde constatation, plus étonnante, la protection offerte par un niveau élevé de diplôme produit, dans les ZUS, des effets très différenciés selon le sexe.
Effet du niveau de formation sur le taux de chômage par sexe et quartier de résidence Unité : Base 100 = taux de chômage des personnes de niveau CEP ou sans diplôme
Hommes en ZUS
Hommes hors ZUS
Femmes en ZUS
Femmes hors ZUS
Aucun diplôme ou CEP
100
100
100
100
BEPC seul
83,1
65,8
73,0
68,5
CAP BEP ou équivalent
63,6
57,6
62,9
72,0
Bac, Brevet professionnel ou équivalent
67,3
56,1
60,3
50,0
Baccalauréat + 2 ans
49,7
36,7
28,6
37,8
Diplômes supérieurs
65,5
50,5
29,2
55,0
Source données : INSEE, enquête Emploi, 2003 (actifs résidant dans les unités urbaines comportant une ZUS)
Dans les quartiers situés hors zones urbaines sensibles, c’est-à-dire les quartiers non prioritaires ne relevant pas de la politique de la ville, l’effet protecteur du diplôme est sensiblement le même pour les hommes et les femmes. Mais dans les ZUS, on constate que les hommes diplômés ont plus de difficultés à échapper au chômage alors que les femmes bénéficient pleinement de cette certification.
Il n’est pas aisé d’expliquer ces effets inversés. Une première hypothèse tient au choix des filières et au processus d’orientation scolaire différents entre les filles et les garçons. Une autre hypothèse doit, elle aussi, être prise très au sérieux : les hommes (notamment les jeunes hommes) diplômés s’affronteraient plus fréquemment à des comportements discriminatoires.
Le stéréotype de la morose, voire menaçante, banlieue n’est-il pas largement construit (dans une partie des médias et de l’opinion) autour de figures masculines ?
Cette représentation négative, non seulement sexuée mais aussi ethnicisée, constitue l’un des ressorts de la discrimination à l’embauche.